Voilà un sujet toujours un peu délicat à traiter parce qu'il aborde l'épineuse question de la violence éducative que nous nions tous pour la plupart. Nous le nions parce que cela renvoie peut-être à des souvenirs tellement désagréables dans le passé ou des moments tellement difficiles à gérer dans le présent que nous préférons, en règle générale, ne pas trop nous attarder dessus. Et puis, lorsqu'on le fait (plutôt sur le divan des psy), c'est pour s'assurer surtout que le passé est bien enterré et que le futur sera différent, bien que le plus souvent il n'en est pas ainsi !

Mais qu'est-ce que la Violence Éducative Ordinaire déjà ?

Il s'agit bien de distinguer la maltraitance infantile de toutes les autres formes de violences éducatives, que la quasi majorité des enfants subissent toujours en France de façon quotidienne de la part de leurs parents ou d'autres adultes dit "éduquant" : c'est-à-dire claques-gifles, fessées, coups sur la tête, torse, bras ou jambes, tirer les oreilles, cheveux ou habits, mais aussi cris, hurlements, menaces, chantages ou humiliations, harcèlements, enfermements, mises au coin, exclusions, punitions ou même récompenses en vue de manipuler, diriger, ordonner, soumettre, etc.

Alors, déjà vous vous dites peut-être : "Mais tout ceci ne me concerne pas moi directement : je ne suis pas quelqu'un de violent, ni surtout quelqu'un de méchant ! Mes parents ont fait tout ou une partie de cela sur moi et je n'en suis pas mort pour autant ! Au contraire cela m'a aidé à... Et puis il s'agit bien d'éducation pas de dressage, donc si vous qualifiez tout ceci de "Violences Éducatives Ordinaires" (VEO) alors que nous restera-t-il nous adultes pour apprendre "les limites" aux plus petits, la politesse et le respect d'autrui à tous ces jeunes voyous mal polis qui pullulent désormais dans nos villes et cités, etc. etc." On les connait bien ces arguments, on les réentend régulièrement autour de nous comme une longue litanie rassurant la population sur la normalisation de tous les actes de soumission dit "curatifs", reconnus par la majorité d'entre nous comme étant "éducatifs", alors qu'à l'inverse les actes "préventifs", notamment ceux liés au maternage proximal comme la naissance physio, l'allaitement, le portage, le massage bébé, voir même les berceuses, câlins ou simples gestes de tendresses, sont eux encore considérés comme "nuisibles ou hors normes" par la plupart des gens de ce pays... Parfois, on pourrait se demander si nous, gaulois, ne marchons pas un peu sur la tête actuellement !

En effet, au regard de ce que d'autres pays européens ont mis en place dans leurs lois depuis plusieurs années déjà, la France, pays des Droits de l'Homme, fait plutôt partie des retardataires en matière de Droits de Protection des Enfants et se trouve régulièrement épinglé pour cela par l'OMS et l'UNICEF ; à l'inverse de la Suède qui a été la première au monde en 1979 à introduire dans son Code Pénal l’interdiction formelle de tous châtiments corporels aux enfants. 

Alors certes, il ne s'agit pas non plus de tomber dans le système inverse du laxisme éducatif et de l'"Enfant Roi", comme on le voit parfois à l'heure actuelle, notamment en Suède qui n'a probablement pas su non plus légiférer correctement dès le départ pour prévenir les risques de dérives extrémistes, comme le constate d'ailleurs David Eberhard, psychiatre : "Bien sûr il faut écouter ses enfants mais en Suède c'est allé trop loin. Ils ont tendance à tout décider dans les familles : quand se coucher, quoi manger, où partir en vacances, même la chaîne de télévision", estime-t-il, qualifiant les enfants suédois de mal préparés à la vie adulte." http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20131028.AFP0266/les-suedois-ces-enfants-gates-a-qui-on-a-laisse-le-pouvoir.html

Car, en tant que parents, nier ses propres besoins de calme et de paix dans sa famille n'est pas non plus une bonne chose, ni même une solution pour réduire nos violences internes ! Il s'agit plutôt de rechercher non pas d'incessantes et fatigantes négociations (marchandage), mais plutôt des compromis acceptables par tous, de façon régulière et dès que possible ; comme en couple d'ailleurs où les besoins de l'un n'ont pas à dominer ceux de l'autre, n'est-ce pas !

En quoi est-ce que le portage des enfants peut aider à prévenir ces violences ?

Déjà le maternage proximal en lui même implique de mettre au centre de sa relation avec son enfant des marques fréquentes de tendresse et de proximité physique. En fait, dès la naissance lors de courtes ou longues séance de peau-à-peau, des vêtements portes-bébés souples pourront vous y aider. L'allaitement maternel également incite la mère à garder contre elle plus souvent et longtemps son ou ses petits, même après le sevrage, de même que lors de fréquentes séances de massage-bébé, de bains dans la piscine ou la mer, lors de vos sorties en ville dans les magasins ou en randonnées à la campagne ou en montagne, durant vos voyages à l'étranger, dans l'avion, sur le bateau, comme chez la mamie, la nounou, à la crèche ou même à l'école ensuite, etc. Que l'enfant soit porté devant vous, dans votre dos rapidement ou sur la hanche durant plusieurs années, puis entre vos bras, il y trouvera toujours l'îlot réconfortant et sécurisant dont il a besoin. Et puis surtout, il pourra en repartir puis y revenir à loisirs, s'y accrocher, s'en échapper, s'y reposer, voir s'y endormir partout, n'importe où et dans n'importe quel lieu et situation... Évidemment que d'avoir cette chance là, ne peut qu’apaiser toutes les tensions nerveuses par des séances plus ou moins brèves de contacts physiques réguliers et rapprocher, surtout en grandissant. En réalité, le portage comme l'allaitement ou le massage-bébé sont les meilleurs anti-stress qui existent encore au monde ! Toutes les femmes de tous les pays le pratiquent plus ou moins traditionnellement d'ailleurs, et plus elles le pratiquent, selon leurs rites et cultures spécifiques, et plus cela s'en ressent également sur toute leur famille, leur clan ou tribu, leur région, leur nation, etc.

Certes, comme en Europe, Afrique, Asie ou Amérique, il y a des pays, régions, villages, familles qui le pratiquent peu, ou mal ou associés à des rituels violents, des apprentissages obsolètes voir cruels, et  le plus souvent dès que l'enfant passe la barre fatidique des 6-7 ans. Car celui-ci quittent alors le monde protégé du clan des femmes et enfants pour entrer dans celui plus brutal et violent des hommes et des vieillards... Et de même nos vieux aussi risqueront de subir à leurs tours ce qu'enfants ou parents ils auront fait subir eux-même à autrui, à nouveau "pour leur bien" (Alice MILLER), "pour leur apprendre la vie", "la politesse" sociale imposée mais non intégrée, pour responsabiliser leurs actes aux jeunes sans penser aux conséquences des siens... Car, dans la plupart des cas ces VEO se transformeront alors chez les adolescents en insoumissions puis rebellions, mensonges, addictions, vols ou désocialisation, voir ensuite en violences familiales et/ou conjugales, maltraitances animales, et dans les cas les plus graves alors en maltraitances infantiles effectivement : coups sur mineurs, viols, tortures, barbarisme, terrorisme, meurtres, etc. Car, on ne reproduit jamais que ce qu'on a vécu et subi soi-même étant plus jeunes ; pas forcément uniquement par nos parents, mais aussi par nos amis, camarades, collègues, patrons, élus et dirigeants...

http://www.regardconscient.net/archi14/1407champsocial.html

En réalité, combien d'entre nous prétendent "bien aller" psychologiquement, mais se fâchent régulièrement après les autres pour un rien ? Combien souffrent de problèmes physiques ou psychiques sans jamais savoir exactement pourquoi ? Combien paniquent selon les circonstances, devant tels gouffres ou animaux et sont phobiques même du noir ou de la foule ? Combien sont addicts à telles ou telles drogues "douces ou dures" (café, thé, chocolat, sucre et aliments gras, tabac, alcool, cannabis, marijuana, héroïne, LSD, médicaments anxiolytiques et antidépresseurs, etc.) ? Combien enfin le reconnaîtrons ici ?

Alors, évidemment, l'assouvissement de nos besoins de contact et d'affection ne régleront pas l'ensemble de tous nos problèmes personnels, politiques, économiques ou sociaux ! Mais si petits et grands déjà nous apprenions à mieux identifier ces besoins de contacts chez autrui et à le reconnaître aussi pour soi-même, nous pourrions alors mieux l'exprimer ensuite correctement autour de nous et sans blesser autrui, sans le soumettre à notre volonté, sans chercher à le dominer, ni à le diriger... Alors, nous pourrions tous réduire de moitié les violences sociales qui polluent tant nos journées comme nos relations avec les autres et que nous souhaiterions pourtant plus harmonieuses et en paix.