Il n'échappera aux yeux de personne que les articles et produits bio s'affichent désormais un peu partout dans les grands enseignes des magasins. Alors qu'il y a peu les consommateurs "écolos" étaient largement boudés par ses derniers... Voilà que les industriels sortent tous, ou presque, leurs propres marques de produits plus ou moins bio, plus ou moins réellement certifié ! Car ils ont réalisé, depuis quelques temps déjà, que le "secteur du BIO" était en plein essor (pas encore trop dans le textile, mais ça viendra) : "les ventes d'aliments bio devraient atteindre les 5,5 milliards d'euros d'ici la fin de l'année, soit un nouvelle progression de 10 % en 2015.", écrit Le Figaro. Cependant, ce nouvel engouement commerciale, et non philanthrope, cache une tout autre réalité que nous allons tenté de vous dévoilé un peu ici.

La valse des labels

Déjà, comment s'y retrouver parmi tous les nombreux labels bio qui foisonnent désormais un peu partout sur nos étalages, avec plus ou moins de sérieux...
Dans l'ordre :

  • DEMETER, le plus exigent des labels (terres agricoles cultivées sans pesticides, ni herbicides toxiques et prenant aussi en compte la Biodynamie de R. Steiner) – association et marque allemande depuis 1927
  • GOTS pour les textiles (Global Organique Textil Standard) – organisme international depuis 2006 composé de 4 organisations certificateurs sur le secteur du textile et de l'habillement (USA, UK, Allemagne, Japon)
  • NATURE & PROGRES (Agriculture et Cosmétique certifié Bio avec système de garanties participatifs) – association française depuis 1964
  • ECOCERT (idem, sans participatif, mais organisme français sérieux depuis 1991)
  • AB (Agence Française pour le Développement et la Promotion de l'Agriculture Biologique) - la plus célèbre des plateformes nationales, depuis 2001
  • ECOLABEL Européen avec la fameuse feuille verte aux étoiles de l'Europe - organisme certificateur AFNOR depuis 1992
  • et d'autres labels secondaires qu'on ne citera même pas ici, car ils ont moins d'intérêt.

Sachant que "la culture du coton ne couvre que 2.5% des terres cultivées de la planète. Pourtant, elle utilise à elle seule 16% de tous les insecticides, plus que n’importe quelle autre récolte." (Wikipédia). Sachant aussi qu'il faut environ 1/3 d’engrais chimiques par kilo de coton, sans parler des teintures chimiques, etc. Au final, on trouve donc dans nos vêtements bien trop souvent de pesticides, herbicides et métaux lourds : tel que le cadmium, chrome, baryum, mercure, sélénium, antimoine, plomb et même arsenic ! Mais, évidemment, beaucoup pensent encore que ces métaux lourds, plastiques et autres perturbateurs endocriniens (PE) n'auront que peu ou pas d'impact sur les êtres humains, qui les auront portés, respirés, transpirés ou mâchouillés au cour de leur vie...

Des labels qui induisent en erreur

Soulignons ici que le label OKO-TEX - Standard 100, en France nommé OEKO TEX, n'est pas du tout du coton cultivé en Agriculture Biologique (AB), mais uniquement du coton conventionnel garanti exempt de métaux lourds dans les teintures (équivalent donc de la partie EKO pour GOTS). Malheureusement, devant l'ignorance de la plupart des consommateurs non avertis, les grandes marques entretiennent volontairement la confusion, voir fraudes honteusement en affichant : "100% coton issu de l'agriculture biologique, certifié Oko-Tex ou OEKO-TEX – Standard 100", quand il le marque encore... En fait, généralement, ils se contentent de simplement écrire "100% coton bio" quelque part, sans aucune autre preuve et transparence sur leurs filières, ni même certificat à l'appui. Oser un jour les réclamer et vous verrez que vous serez surpris !

Et plus il s'agira d'une grande marque connue au niveau international, même dans "l'univers du portage", et plus la fraude sera facile et rapide, puisque aucun client ne pourra jamais vous remettre en question, surtout si vous êtes domicilié à l'étranger évidemment.

Étymologiquement employé dans le sens d'étiquette, le mot "label" peut désigner davantage encore que des critères de qualité. La plupart du temps, il est obtenu à la suite d'une certification complexe, donc d'une procédure plus ou moins longue et validée au final par un référentiel de qualité officiel et reconnu par une association, administration ou institution. Il existe 3 type de certifications : l'auto-déclaration (norme européen, CE par ex), l'appréciation par le client (les fameux : "Saveurs de l'Année..."), mais aussi par des associations plus ou moins autonomes politiquement et commercialement (Petit Öko, Max Havelaar ou FLO, etc.), et enfin la certification par tierce, c'est-à-dire par un organisme certificateur lui aussi plus ou moins indépendant.

Cependant, "Selon l'association UFC - Que Choisir, le cahier des charges du label européen [obligatoire depuis le 1er juillet 2010] est moins contraignant que le label français AB." Ainsi, on constate depuis quelques temps déjà, que les cahiers des charges des labels bio ne cessent de s'alléger d'années en années ; à la demande surtout des firmes de l’agroalimentaire...

La valse des normes

Résultat : "plus on noie le poisson dans la paperasse et plus il s'y perd..." Attention il ne s'agit pas de sous-entendre ici que les labels et certifications, norme NF – EN ou UE ne sont pas utiles, au contraire, ni intéressants au final pour la santé et la sécurité du consommateur, mais que la plupart s'y perdent fautes d'informations suffisantes, qui devraient normalement être diffusées autant par les Instances Gouvernementales (IG) que Non Gouvernementales (ONG). A savoir également que beaucoup trop de grosses entreprises peuvent se les payer, à l'inverse des petites, qu'elles peuvent même parfois les frauder facilement, en tout cas les contourner ou tenter de les alléger, ou encore s'en servir consciencieusement pour éviter de s'engager en toute transparence sur la culture de leurs matières premières (avec ou sans OGM, métaux lourds, pesticides, etc.) ou sur la fabrication et confection de leurs vêtements, porte-bébés ou articles de puériculture fabriqué à l'étranger. Comme font, à l'inverse, celles qui adhèrent réellement et soutiennent financièrement les divers acteurs du Commerce Équitable dans le monde (Transparent Traide, MINGA ou autres). En résumé, un vrai sac de nœuds coulants qu'on finit par se passer nous-même autour du cou, ou du pied, dès qu'on en met un dedans...

Qu'attendre des certifications environnementales et autres normes de sécurité ?

Disons que si on adaptait les contraintes administratives et charges financières en fonction du statut, chiffre d'affaire et de la taille de l'entreprise, cela serait peut-être équitable ! Mais comme l'accès à ces réglementations, normes et labels n'est généralement réservés, voir imposés parfois en fonction des activités, qu'aux plus riches des entreprises, possédant déjà de nombreux experts spécialisés dans la normalisation des produits, ou bien aux plus pauvres, petites et moyens entreprises, artisans réellement engagés et militants ou commerçants bio ou locaux, mais eux généralement seuls face aux rouages administratifs, alors cela va créer davantage d'inégalités commerciales entre les deux. D'autant que le consommateur peut, lui, tout à fait continuer tranquillement d'acheter beaucoup moins cher ailleurs le même type d'article, Bio comme non Bio, fabriqué, importé et vendu en France comme à l'étranger (made in China, Bangladesh ou ailleurs), sans aucune certification ou même vérification derrière... Selon les lois abusives du libre échange international ! Parfois même en continuant à croire sérieusement qu'il s'agit bien de coton cultivé en Bio à l'étranger et utilisé ensuite dans la fabrication de porte-bébés confectionnés dans de "bonnes entreprises polonaises, turques ou chinoises respectant et payant très, très bien leurs travailleur(e)s"... Entreprises qui ne seront évidemment jamais visitées, contrôlées ou même photographiées par aucun organisme ou association de consommateurs indépendant.

Par contre, ici en France, on vous demandera de régulièrement apporter la preuve de votre respect vis à vis des lois sociales, contraintes sécuritaires et normes environnementales. Évidemment ! Bref, deux poids, deux mesures que même nos agriculteurs français, conventionnels ou non, comme nos petits commerçants et artisans locaux, dénoncent désespérément depuis de bien trop nombreuses années maintenant, sans écho favorable de nul part ! Mais tant que les pouvoirs publiques d'un côté et les consommateurs de l'autre ne les soutiendront pas davantage en achetant d'abord du "Made in France", puis "Made in Bio" et enfin "Made in Commerce Équitable". Alors, il faudra encore s'attendre à ce que l'ensemble des labels et produits de qualité baissent, avec également la baisse régulière des prix importés et la dégradation de notre économie et de nos emplois...

Ici comme ailleurs !