Respecter les conditions de travail, de sécurité et de santé des employés ?

Tout d'abord, il s'agit bien de préciser que pour qu'une marque ou personne déclare travailler en "commerce équitable" à l'étranger, cela signifie que cette démarche doit être certifiée par un organisme indépendant sur place qui ira valider lui-même le fait que dans tel atelier ou entreprise dans tel pays à tel moment la matière première ou le produit fini qui sera revendu ensuite a bien été réalisé dans des conditions de travail, de sécurité et de salaires raisonnables et équitables pour tous, que l'âge minimum et maximum d'un(e) employé(e) est bien respecté (pas d'enfant ou jeune femme de moins de 16 ou 18 ans, de vieillards, malades, handicapés graves, etc.), que les lois, conventions ou règlements du pays sont bien respectées et que les conditions de vie et la santé des salariés sont bien préservées.

Donc, même si l'entreprise n'embauche pas elle-même directement le salarié, qui travaille pourtant sa matière ou son produit, elle s'engage cependant à agir concrètement et financièrement auprès des employés et employeurs avec lequels elle travaille et sous-traite (artisan/commerçant/industrie), comme des collectivités locales, gouvernements, organismes certificateurs, autres fournisseurs et donc, au final, de ses propres clients. Parfois, tout simplement en reversant une partie de son chiffre d'affaire chaque année à ses sous-traitants, parfois en les payant plus correctement (moins de marges écrasantes), parfois en investisssant dans du matériels, machines ou services comme des actions sociales et solidaires (école, crèche, dispensaire, etc.). Mais, toujours avec un regard présent et critique sur la culture, production, transformation ou confection de ses produits, en réalisant des "contrôles" inopinés ou organisés mais réguliers, et toujours avec l'objectif final d'aider et de respecter tous les travailleurs à quelques niveaux qu'ils soient... Un bel idéal !

Mais pourquoi le faire sous couvert d'un logo "Commerce équitable" ?

Il est vrai que la plupart des entreprises vous diront qu'elles respectent totalement cela, que ce soit ici dans leur propre pays comme ailleurs ! Mais comment en être totalement sûr quand on a son siège social, ateliers ou bureaux à plusieurs milliers de kilomètres ? Hormis vérifier soi-même régulièrement ou le faire vérifier de temps en temps par d'autres, c'est impossible sinon d'être partout en même temps ! Voilà pourquoi, suite à de nombreux scandales relatés, déjà avant les années 1980, par la plupart des médias à travers le monde sur les infractions régulières aux codes du travail par les grandes marques ou firmes industriels, les abus de salaires trop faibles, l'âge illégal des enfants travaillant dans des usines ou ateliers plus ou moins clandestins, voir même plus récemment l'effondrement en 2013 du Rana Plaza au Bangladesh qui a mis en lumière les conditions médiocres et le mépris évident des marques célèbres et étrangères vis à vis des petites couturières mortes, blessées, licenciées sans indemnités... Pourtant on sait bien qu'il existe un peu partout des sous-traitants "mercenaires" : en Asie (Chine, Inde, Pakistan, etc.), comme en Afrique (Cameroun, Mali, etc.), à Cuba, Pérou, Equateur (Amérique), en Turquie, Tunisie, Algérie (Moyen Orient) et même encore plus près en Pologne, Roumanie, Bulgarie (Europe de l'Est), voir même parfois en France...

Où et quand soutenir le commerce équitable ?

Généralement, nous pensons donc à tord que l'exploitation des travailleurs étrangers a plutôt lieu dans les pays dit "en voie de développement" ; selon notre esprit un peu étroit parfois d'occidentaux ! Habitués que nous sommes à nos "meilleurs" conditions de vie et surtout à croire des promesses sociales et électorales qui nous vantent chaque fois la Lune sans enrayer pour autant le travail clandestin, "au Noir", le harcèlement au travail, le stress, la dépressions, etc. De plus, il n'est pas toujours possible, ni surtout réaliste désormais, de penser tout produire dans un seul pays ; même si parfois on pourrait le faire davantage aussi ici...

En fait, il s'agit de se souvenir que tout n'est qu'interprétation subjective, culturelle, politique ou économique quant au "développement" d'un pays par rapport à un autre... Car, même s'il est vrai que souvent les conditions d'hygiène, de santé, d'alimentation et de sécurité ne sont évidemment pas pareils dans les pays industrialisés dit "riches", il n'en reste pas moins vrai que dans certains pays dit "pauvres", on peut parfois s'y sentir bien plus "heureux", en sécurité en campagne plutôt qu'en ville, en meilleur santé à l'extérieur au soleil, avec une alimentation locale peut-être plus rare ou chère mais aussi souvent plus saine, diversifiée, savoureuse, etc. Sinon, pourquoi est-ce que chaque saison des millions de touristes occidentaux s'y précipiteraient, en vacances, pour quelques heures, jours ou semaines, afin de s'y "ressourcer" !?

Transparence, Traçabilité & Solidarité

Enfin, pour conclure sur ce sujet trop occulté ou négligé par nos médias, entamer une démarche vers un commerce "plus équitable" demande de la part de la marque et entreprise un engagement financier et social certes plus important, mais avant tout d'accepter régulièrement de se soumette soi-même à ce qu'on appelle une démarche écocitoyenne de Transparence, de Tracabilité et de Solidarité ; comme annoncer qui sont ses fournisseurs et combien on les paye, se déplacer ou engager des contrôles sur place, définir et se tenir soi-même à un engagement social sur le court, moyen et long terme, etc. Et cela, peu de petites entreprises ont envie ou même la possibilité de le faire seules, en fait ! Quand aux grandes firmes qui se croient littéralement "intouchables", elles attendent chaque fois que soient soulevés périodiquement par les médias ou réseaux sociaux certains scandales sanitaires et/ou sociaux, pour enfin se décider à promettre publiquement d'agir... mais plus tard... et sans jamais réellement ou totalement le faire d'ailleurs, au final !

En dernier recourt, c'est donc bien aux commateurs(trices) de vérifier et demander des renseignements aux entreprises (et pas que françaises non plus), de ne pas hésiter à s'informer et interpeler dès que possible les associations, organismes et institutions, à diffuser les bonnes informations à leurs contacts comme aux médias et à refuser l'achat non équitable surtout si suspect, etc. Car, cela ne pourra justement que favoriser à long et moyen terme les ventes et achats issus du commerce équitable plutôt que conventionnel. Puisque l'offre crée toujours la demande, n'est-ce pas ! La démarche "Ethique" étant quand à elle davantage un slogan commercial et marketing qui sonne souvent un peu creux, et donc effectivement il vaut mieux s'en méfier la plupart du temps.

De plus, en tant que consom'acteurs(trices), nous devons nous battre chacun(e) à notre niveau pour que nos sociétés ne continuent pas ainsi impunément à exploiter les enfants, femmes, hommes ou viellards, ici comme ailleurs ; afin que les choses évoluent lentement mais sûrement. Et puis, si de leur côté, davantage d'entreprises grandes ou petites, étaient prêtes à davantage financer les projets solidaires en lien avec le commerce équitable d'autres pays, ET à s'engager dans des démarches locales, écologiques et durables vis à vis de l'Environnement, alors notre Planète comme nos enfants ne pourront que mieux s'en porter également...